« Christine Trouillet fusionne au profond l’art et la sensibilité. Étreinte sacrale du désir et de la peinture, de la lumière et du sol. Chez elle, les lieux de vie creusent l’espace et l’absence. … »

« Christine Trouillet fusionne au profond l’art et la sensibilité. Étreinte sacrale du désir et de la peinture, de la lumière et du sol. Chez elle, les lieux de vie creusent l’espace et l’absence. Sont présence lointaine d’espace et d’absence. Chez elle, les couleurs ont toujours déjà déserté les apparences. Le blanc peint est un territoire de sourde inquiétude, et de tension souveraine. Les traces, les stries, et les griffures s’accumulent. On dirait des cicatrices d’étendue. Les dehors du monde ont disparu. La blancheur passante, sur fond de ténèbres, s’abandonne en grand silence aux cruelles grisailles de l’existence… Âpre et brûlante, l’insidieuse peinture de Christine Trouillet prend la réalité à la gorge, sur fond d’ultime séparation, et de poignante nostalgie. Impact implacable, hors durée, et nu. Tout semble en suspens. Le souffle des choses a disparu. Tous les lieux, ici, sont un seul lieu, habité d’âme. Il n’y a d’autre endroit que celui où le corps a pris place. Mais les corps de vie se sont éloignés, et la peinture a pris toute la place. Chez Christine Trouillet, l’émotion la plus nue et la plus forte s’empare à vif de qui ose regarder et se laisser regarder par ces signes habités. Le lit épars, le fauteuil ouvert comme une blessure, et la fenêtre masquée de ténèbres, sont en creux des symboles évidés de l’être. Peinture exigeante et première de l’imminence et de la proximité. Imminence du drame aigu de l’existence, au bord ultime de la mélancolie et des secrets. Proximité cruelle de la présence, énigmatique et disparue, tout au bout des doigts qui pourraient toucher, tout au bout des regards qui savent voir que tout fait demeure au corps absent. Le lit est un horizon fragile, la fenêtre un miroir aveugle, et le fauteuil, fait tache d’opacité, installé en croix devant la lumière,… A jamais inassouvies, les rêveries du désir étendent leurs vagues charnelles sur la plaine adoucie des draps. Fabuleux paysage d’intimité. C’est l’autre en soi que cherche la peinture, dans l’autre de l’espace, et dans la fusion-effusion des non-couleurs. Et la brutalité, comme le sang, s’est retirée. L’art fait remède au réel, et vit de l’éloignement salutaire de l’impensable destin. Belle et vraie peinture, décantée et classieuse, retenue et discrète, dense et souterraine. Si la gamme chromatique est resserrée, c’est pour mieux cerner le drame latent de sa saisissante scénographie. Christine Trouillet délivre une intense parole de vie où l’âme des objets peints s’unit à jamais à l’éphémère et tendre brûlure de l’être. » CN